Tsaranoro

C’est après une bonne nuit de taxi-brousse et 3 heures de taxi local que nous arrivons enfin devant les magnifiques falaises du Tsaranoro.

Le Tsaranoro fait partie des plus beaux endroits de l’île et est particulièrement connu des grimpeurs pour la grande voie, une d’entre elles entre dans le cercle très fermé des plus belles voies du monde : Out of Africa.

Ça fait donc plus d’un an que nous envisageons de faire cette grande voie. Ce n’est pas tant le niveau (seulement 2 longueurs en 7a) que la taille de la voie qui nous inquiète : 600m de long pour 14 longueurs. On sait d’avance qu’il faudra se lever tôt et on espère finir avant la nuit.

La vue depuis des toilettes du Tsarasoa Camp

Donc, arrivés au Tsarasoa Camp à 9h du matin, nous profitons d’un bon petit-déjeuner devant une vue de rêve avant d’aller nous reposer un peu (on n’a pas beaucoup dormi dans le taxi-brousse !).

Derrière, sur le Tsaranoro Kely, c’est notre projet !

En milieu d’après-midi, nous partons voir de plus près notre projet. Il est partout écrit qu’il faut 1h15 max pour arriver au pied de la voie mais avec les explications trouvées sur internet, nous mettrons près de 2h. Une fois au pied d’Out of Africa, on constate l’espacement entre les points, très caractéristique du lieu, mais on se rassure en voyant que le début semble facile et dalleux.

On retourne au camp par le vrai chemin (à peine 1h au retour !!) et nous rencontrons les autres grimpeurs durant l’apéro. Tous semblent très habitués à la grande voie, un binôme franco-omanien nous raconte son périple dans Out of Africa et augmente le stress d’Ariane en nous parlant de leurs horaires (départ dans la voie à 6h30, arrivés en haut à 16h30 et au camp à 19H…). Après un premier diner très sympathique, nous partons nous coucher à 20h15, des projets plein la tête.

Le lendemain, nous planifions d’aller faire Au plaisir des guides Suisses, une voie qui nous semble destinée. Nous l’avons choisie car les topos parlent de seulement 4 longueurs pour 170m en 6c max au Lemur Wall. Parfait pour se remettre à la grande voie !

La veille, on nous a rapidement expliqué la marche d’approche, nous disant qu’on ne pouvait pas se tromper. Raté ! Nous n’avons jamais trouvé le bon chemin et faisons les sangliers pendant plus d’1h. Il nous faudra donc 2 bonnes heures pour atteindre non pas le pied de notre voie mais celui d’une autre, plus facile et très conseillée. On décide de changer nos plans et d’aller voir à quoi cela ressemble. Nous sommes bien sûr très en retard et nous redescendons à la moitié de la voie, faute de temps. Mais elle nous a bien plu.

Le soir, tout le monde essaie de nous aider en nous réexpliquant la marche d’approche…

Un lémurien aperçu sur le camp Cata, mais il y en a un peu partout !
Notre premier caméléon !

Deuxième essai le lendemain. Nous arrivons au pied de la voie au bout de 2h30, pas la peine de préciser que nous nous sommes encore trompés ! Mais au moins nous y sommes. La voie est plutôt belle, slalomant le long d’une arrête, une petite traversée dans un jardin au milieu avant d’entamer la dernière longueur. Au sommet, la vue est toujours aussi belle ! La descente est bien fatigante, très raide au début et c’est en un peu moins de 2h que nous retournons au camp, après avoir traversé le camp Cata (camp originel de la région qui a bien changé et est devenu plutôt classe), où on peut voir plein de lémuriens !

Pour notre troisième jour, c’est repos, nos doigts et surtout nos pieds en ont déjà besoin ! On en profite pour aller voir les chaussons que le camp propose à la location, en espérant trouver des paires qui soient moins serrées pour nos petons. Gérald trouve des Katana Lace deux pointures au-dessus des siens quant à Ariane, elle chope une paire de Katana scratch une pointure au-dessus. On croise les doigts pour gagner en confort !

Visite des villages alentours

On profite aussi de la journée pour aller voir les villages alentours. Le premier, où habite Joseph le forgeron et où Gérald va lui passer commande d’un couteau, et le deuxième où se trouve une épicerie qui nous permet d’acheter quelques gâteaux.

Le secteur du Caméléon, avec un véritable caméléon en son sommet !

Le lendemain, nous avons suivi les conseils des habitués et sommes allés voir Vazahamateurs, une voie ouverte l’année dernière par Arnaud Petit et une équipe de jeunes de la FFME sur le secteur du Caméléon (les rochers du sommet ressemblent vraiment à un caméléon). On s’est de nouveau bien perdu pour trouver le chemin mais on avait prévu large et nous avons le temps de faire notre voie.

Elle est en effet très belle, 6 longueurs pour 240m en 6c. Cette voie a l’avantage d’être très bien équipée, avec un vide tout à fait acceptable entre les points. La descente est très jolie, sur le sentier classique du tour du Caméléon.

Ensuite, nous retentons l’expérience du Caméléon pour aller voir Scolotom +4, à seulement 30 min du camp (et on ne s’est pratiquement pas perdu !). La première partie se passe bien, même si on sent que l’air s’est rafraichi. A la fin de la deuxième longueur, la pluie arrive. Nous réfléchissons et après 10 min à constater que les gouttes sont de plus en plus grosses, on tire les rappels. On rentre au camp bien mouillé. Dans l’après-midi, nous prenons la décision de tenter Out of Africa le lendemain. Pour faciliter la marche d’approche, nous partons en repérage et on en profite pour laisser les cordes et l’eau au pied de la voie. Ce sera déjà ça de moins à porter !

Lundi 22 juillet, le réveil sonne à 3h20. C’est les yeux à peine ouverts que nous allons prendre notre petit-déjeuner (plutôt faire des sandwichs pour plus tard). On commence à marcher à 4h15 à la frontale. Mais, comme dit le proverbe, « la nuit, tous les chats sont gris », nous réussissons à nous perdre sur la partie la plus facile du chemin, nous avons perdu tous nos repères ! Donc, après un détour d’une bonne vingtaine de minutes, nous retrouvons le chemin et arrivons au pied de la voie à 5h30.

Ariane dans la première longueur d’Out of Africa, à la frontale (à 5h45 du matin…)

Le temps de se préparer et Ariane commence à grimper à la frontale à 5h45. Les premiers rayons du soleil arrivent pour la deuxième longueur.

Les belles longueurs d’Out of Africa s’enchaînent

Nous les enchaînons tranquillement, la vois est belle, nos doigts et nos pieds vont bien et le temps est avec nous : pas un nuage et une température idéale pour l’escalade.

Arrivée du sommet !

Malgré ça, nous arrivons en-haut à 15h55 ! On range le matériel et commençons à descendre en suivant les explications et le dessin que nous avons. La jungle, une petite montée, le rappel, on traverse une nouvelle jungle, on se perd un peu, on trouve les dalles noires à descendre. Après 20 minutes sur ces dalles à suivre les cairns, ces derniers disparaissent et c’est encore 10min que nous perdons à retrouver le chemin. Nous arrivons dans la dernière jungle et réussissons à en sortir pile avant la nuit (il fait nuit à 18h à Madagascar). Les frontales sur la tête, nous continuons de marcher. Le chemin est bon et bien tracé jusqu’à une nouvelle dalle. On reperd 10min à trouver le chemin. La suite déroule et c’est à 19h15, pile à temps pour le dîner que nous rentrons, totalement HS mais tellement heureux et fiers d’avoir réalisé notre projet !

Nous méritons bien une journée de repos pour nous en remettre !

Ces herbes ressemblent à des cheveux blonds, elles glissent et on en trouve partout.

Pour notre avant-dernier jour, nous partons faire Tsaradonga, 7a, toujours au Lemur Wall. Cette fois-ci, comme par magie, nous trouvons le chemin du premier coup ! La première longueur déplaît beaucoup à Ariane qui fait une belle chute (plus de peur que de mal) en cherchant le relais. Ensuite, la voie est vraiment magnifique, tout à doigts. Les 6 longueurs passent sans problème même si Gérald a les doigts très sensibilisés par Out of Africa. La descente est assez longue, d’abord sur des dalles assez raides avant de retrouver un long chemin.

Nous profitons de notre dernière journée pour aller voir un secteur que nous n’avons pas encore tester, Mitsinjoarivo. La marche d’approche est assez tranquille (quand même 1h30 en montée). Nous visons La croix du Sud, 6b+, en 8 longueurs.

Dès la première longueur, Ariane se sent fatiguée et nous ne ferons finalement qu’un quart de la voie avant de redescendre.

C’est sur ces dernières longueurs que notre séjour dans la vallée du Tsaranoro s’achève. Nous avons adoré l’endroit, rencontré des gens super sympa et grimpé de très belles voies.

Le Tsaranoro est très apprécié des non-grimpeurs pour les belles randonnées qu’il permet. En tout cas, on peut dire qu’avec une moyenne de 4h de marche par jour, notre séjour ici était plus que complet !

Nous avons maintenant quelques jours de voyages avant d’attendre notre prochaine destination Malgache !

About The Author

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *